© Jean-François Spricigo |
Les problèmes posés par les préjugés raciaux reflètent à l’échelle humaine un problème beaucoup plus vaste et dont la solution est encore plus urgente : celui des rapports de l’homme avec les autres espèces vivantes. Le respect que nous souhaitons obtenir de l’homme envers ses semblables n’est qu’un cas particulier du respect qu’il faudrait ressentir pour toutes les formes de vie.
Claude Levi-Strauss
La faim du tigre est comme la faim de l'agneau. C'est la faim naturelle et implacable, mais douloureuse, de vivre. C'est cet appétit insatiable de provoquer ou d'endurer l'atrocité au quotidien, pour perdurer, toujours, ce sinistre théâtre où s'illustrent souffrances, crimes, terreur et esclavage, auxquels seule la Mort peut mettre fin. La Faim du tigre, c'est enfin et surtout la recherche rageuse de la raison pour laquelle, dans un cynisme sordide, ce sont la grâce, la beauté, l'innocence et l'amour, qui ont été choisis pour rythmer cette tragédie.
Charles-Louis Philippe.
Le petit peuple des animaux domestiques, parqués dans nos zoos, nos villes ou voués à la boucherie semble soudain surgir de l'ombre. Ces animaux, dont nous sommes si proches, et pourtant nous avons oubliés, à force de domination, de consommation et d'ignorance, que leur réalité n'est pas si différente de la nôtre. Jean-François Spricigo ne les considère pas à hauteur d'homme. Son regard est dépourvu de toute prédation, de toute volonté anthropomorphique comme de toute considération zoologique. Il nous ramène à une dimension instinctive, originelle de l'animal, dans sa sauvagerie, sa grâce, son acharnement à vivre. Il dresse également le constat implicite d'une nature avilie, asservie et pourtant indomptée par la férocité des hommes.
Et cet état des lieux, sensible et douloureux, tout en nous rappelant à la condition animale, nous dit aussi un peu de la condition des hommes.