Les yeux avides reprennent et changent d'adresse, vous pouvez désormais les suivre à l'adresse suivante :

www.lesyeuxavides.com


"Eyes wild open" est un magnifique projet conçu par Marie Sordat.
Grâce à son talent, sa passion et sa détermination sans faille, une grande exposition aura lieu du 22 février au 22 avril 2018 au musée du Botanique à Bruxelles, avec le soutien et la confiance de Marie Papazoglou, responsable des expositions.
Sous le commissariat de Marie Sordat, l'exposition, scénographiée par Mike Derez et Alexandra Delabie, rassemblera les œuvres de près de 30 grands photographes, parmi lesquels William Klein, Robert Frank, Daidō MoriyamaAnders Petersen, Michael Ackerman, Klavdij SlubanTiane Doan Na ChampassakDolorès MaratGabrielle DuplantierGilles RoudiereStéphane Charpentier ou encore Alisa Resnik...
Un livre, à paraître en février 2018 aux éditions André Frère (avec une très belle maquette signée Mike Derez) accompagnera l'exposition, faisant figurer des entretiens menés par Marie Sordat avec, entre autres captivants intervenants, Laura SeraniGilou Le Gruiec ou Christian Caujolle...
Marie Sordat lance un appel à participation sur kisskissbankbank.
Découvrez ici plus d'informations et tous les détails sur ce livre de 240 pages et apportez votre soutien à ce grand projet !



Damien Daufresne / Ressac

© Damien Daufresne

Une mer qui semble unie, ça et là dans le plan,
ça et là dans le temps - éclate un petit fait d’écume ;
un évènement candide sur l’obscur de la mer, ici
ou là ;
Jamais au même lieu ;
un épisode,
un indice de chocs entre des puissances invisibles
et des différences internes,
ça et là, ici ou là.
L’eau changée en neige, l’instant du choc changé
en blancheur, et le mouvement massif en désordre de gouttes
que l’ordre pesant résorbe aussitôt.

Paul Valéry - Poèmes et PPA (Petits Poèmes Abstraits), 1929



Le monde est là.
Je veux dire le ressac du monde, qui dans chaque photographie tantôt s'apaise tantôt se brise et s'entrechoque.
Et Damien Daufresne, regard émerveillé – émerveillé – est ébloui.

La vague s'abat sur les rochers, un arbre ploie inexplicablement sous l'injonction de la nuit, les corps se rencontrent et parfois se heurtent. Puis la consolation d'une autre vague, bordée d'écume lactescente, qui se love sur le sable, un ventre de femme lisse émerge à peine à la surface de l'eau, un incompréhensible oeil de baleine placide, une madone – comme une prière – au regard extatique, derrière la vitre d'un train...

La photographie est faite par des voyeurs ou des voyants.
Damien Daufresne est de ceux-là. Avec une pureté (je dis bien une pureté, c'est à dire une grâce sans imposture ni inquiétude, une modestie en quelque sorte, pas une naïveté ou une mièvrerie) du regard, il saisit des images qui sont autant d'épiphanies.
Par son regard porté, il décèle dans ses photographies des fulgurances : comme si soudain il mettait le monde en lumière. C'est là, un instant, et lui sait voir "le petit fait d'écume" : douceur, violence, incandescence mêlées.

Je suis bien incapable de le comparer au regard d'un autre, de lui trouver vraiment une parenté quelconque parmi les photographes. On pourrait jouer les rapprochements formels, peut-être, en y cherchant bien. Mais il a trouvé dans la photographie une langue autant qu'une écriture qui n'appartiennent qu'à lui, mystérieuses sans être hermétiques, un chant profond en somme.

Ses images sont bien des éblouissements. Si ce n'était des photographies, je penserais que cela n'a jamais été et qu'il l'a rêvé, peut-être. Elles sont pourtant là, contagieuses d'ivresse, comme autant de respirations saisies et immiscées entre le flux et le reflux, avant que la marée du temps, de la nuit, du mouvement qu'importe, ne se retire ou ne vienne tout recouvrir, qu'il n'y ait plus d'empreinte, de présage ou d'indice.
Mais il ne produit pas de preuves, il n'est ni sentinelle ni témoin. Il est juste là, comme en miraculeux équilibre à la lisière du monde, nous tenant en haleine, comme si nous n'avions jamais existé et que tout restait encore à venir.

Cédric Gerbehaye / Minotaure

© Cédric Gerbehaye

Le plus petit bout de peau est un voyage, une découverte, un retour.
Alessandro Baricco, Océan Mer


L'image s'offre comme une page d'Atlas, une cartographie : vallées, montagnes, lacs, rivières et un océan de nuit peut-être. D'abord, donc, de l'image survient un voyage mental. Le regard se promène ça et là, à la découverte d'un paysage qui se laisse rêver, d'un labyrinthe sans issue possible, d'une infinité d'itinéraires abstraits, déployés, à parcourir.
Ensuite, la peau - velours - qui vient comme se draper sur le muscle épais. L'image se fait tactile et l'œil devient l'instrument du toucher. La vie palpite là-dessous, et l'abstraction géographique cède la place à une exhortation charnelle et animale. Cette fois, le regard et la main partent à la découverte d'autres chemins, que l'on voudrait palpables.
Enfin, on devine la bête - le taureau - contenue dans l'image : un flanc sans tête et comme démembré, monstre fabuleux, qui impose sa puissance comme une menace.


Tous les neuf ans, neuf êtres humains pénètrent dans la maison pour que je les délivre de toute souffrance. J'entends leurs pas et leurs voix au fond des galeries de pierre, et je cours joyeusement à leur rencontre. Ils tombent l'un après l'autre, sans même que mes mains soient tachées de sang. Ils restent où ils sont tombés. Et leurs cadavres m'aident à distinguer des autres telle ou telle galerie. J'ignore qui ils sont. Mais je sais que l'un d'eux, au moment de mourir, annonça qu'un jour viendrait mon rédempteur. Depuis lors, la solitude ne me fait plus souffrir, parce que je sais que mon rédempteur existe et qu'à la fin il se lèvera sur la poussière. Si je pouvais entendre toutes les rumeurs du monde, je percevrais le bruit de ses pas. Pourvu qu'il me conduise dans un lieu où il y aura moins de galeries et moins de portes. Comment sera mon rédempteur ? Je me le demande. Sera-t-il un taureau ou un homme ? Sera-t-il un taureau à tête d'homme ? Ou sera-t-il comme moi ?
Le soleil du matin resplendissait sur l'épée de bronze, où il n'y avait déjà plus trace de sang.
« Le croiras-tu, Ariane ? dit Thésée, le Minotaure s'est à peine défendu. »

Jorge Luis Borgès, La demeure d'Astérion,  nouvelle du recueil L'Aleph.



La femme aimée


© Harry Callahan, Ed van der Elsken, Emmet Gowin, Bernard Plossu, Man Ray, Denis Roche, Jacob Aue Sobol, Alfred Stieglitz, Edward Weston. 



Elle marchait, et elle savait vers quoi. C'était ça l'important. Une sensation merveilleuse. Quand le destin finalement s'entrouvre, et devient chemin visible, trace indéniable, et direction certaine. Le temps interminable de l'approche. Ce moment où l'on accoste. On voudrait qu'il ne finisse jamais. Le geste de s'en remettre au destin. C'est une émotion, ça. Plus de dilemmes, plus de mensonges. Savoir où. Et y aller. Quel qu'il soit, ce destin.
Alessandro Baricco, Océan Mer

Il en va peut-être de la photographie comme de l'amour. Pour les photographes, il y a les femmes, nombreuses, qui traversent les images. Et il y a, parfois, La femme. Celle pour qui le regard et l'œuvre se transfigurent.
On trouve celles, points d'ancrages incessants, qui traversent toute une œuvre et toute une vie (Edith, pour Emmet Gowin ; Françoise et Françoise, pour Bernard Plossu et Denis Roche ; Eleanor pour Harry Callahan) et celles de passage, qui au passage, semblent conduire l'œuvre à un point d'acmé (Vali Myers pour Ed van der Elsken ; Kiki de Montparnasse et Lee Miller pour Man Ray ; Sabine pour Jacob Aue Sobol ; Georgia O'Keeffe, pour Alfred Stieglitz ; Tina Modotti pour Edward Weston).
Elles sont plus que de simples muses, de simples écrans sur lesquels les photographes projettent leur vision. Bien plus de simples femmes-images. Au-delà du désir, amoureux et photographique, elles sont les révélateurs, les déclencheurs, celles vers qui soudain le regard se focalise, se submerge, accoste et se trouve.
La femme aimée.

Voir aussi :
Georgia O'Keeffe par Alfred Stiegliz
Bernard Plossu / Françoise
Bernard Plossu / Mexique, 1981
Denis Roche / Chambre 80
Tina Modotti par Edward Weston
Emmet Gowin / Edith
Man Ray / Rayogramme, 1922.


Vali Myers et Pierre Feuillette, Paris, 1950-1954. 

© Ed Van der Elsken / Nederlands Fotomuseum, 

courtesy Annet Gelink Gallery
En ce moment à la Galerie VU' : 
Ed van der Elsken, Love on the Left Bank

Sabine Weiss / Athènes, 1958

© Sabine Weiss


On tend à penser la photographie comme un document ou comme une composition artistique ; les deux finalités se confondent parfois en une : le document est beau ou sa valeur esthétique contient une valeur historique ou culturelle. L'insolite se glisse parfois entre cette double proposition - ou intention - comme le chat saute sur une scène en pleine représentation, ou comme ce petit moineau qui, une fois, lorsque j'étais jeune, vola longuement au dessus de la tête de Yehudi Menuhin qui jouait Mozart dans un théâtre de Buenos Aires. (Après tout, ça n'était pas si insolite, Mozart est la preuve parfaite que l'homme peut faire alliance avec l'oiseau).

Il y a la recherche délibérée de l'exceptionnel, et il y a ce qui apparaît de façon inattendue et se révèle seulement quand la photo a été révélée. Peu importe la manière dont elles surviennent, et si une irruption involontaire est peut être la plus belle et la plus intense, il est aussi bon que le photographe-paratonnerre sorte dans la rue avec l'espoir de la trouver, toute provocation de forces qui ne peuvent être légiférées obtient parfois sa récompense, même si elle peut survenir comme une surprise ou même comme un effroi.

Julio Cortazar, extrait de Ventanas a lo insolito, in Papeles Inesperados, Editions Punto de Lectura, Madrid, 2010.


Le décor est posé dans sa géométrie parfaite. On devine le soleil de midi qui dessine des ombres nettes. Les pierres du mur qui se déploie comme un paravent répondent en miroir aux dalles du sol. Méticuleusement empilés, les pains des marchands sont rangés dans un ordre impeccable.

Ici, tout est dans le hors champ de la photographie.
Dans l'image, quatre hommes. Statiques. Les pieds campés au sol. Ils attendent. Celui du premier plan regarde à droite quelque chose que je ne peux pas voir. En dehors de l'image. Je ne peux m'empêcher de m'interroger : mais que regarde-t-il ? Pourquoi a-t-il tourné la tête ? Les trois autres regardent à gauche. Et ce qu'ils regardent m'échappe, puisque que ça n'est pas dans l'image. L'image qui ne vient ici que me donner une énigme. Qu'y a-t-il en dehors ? S'ils sont saisis dans l'image, c'est moi qui y suis enfermée, puisque je ne peux en sortir, que l'image me condamne par son cadre et me maintient captive. Elle reste mutique et ne me livre rien si ce n'est de savoir que tout est au dehors.

Maintenant, le chat saute sur la scène en pleine représentation.
La jeune fille qui surgit. Silhouette noire et furtive sans visage. Incursion du mouvement.
Elle court. Vers quoi court-elle ? Ou que fuit-elle ? Aucun des hommes ne la regarde, et je ne regarde qu'elle puisque ce n'est finalement qu'elle qui me donne à voir quelque chose du hors champs de l'image en faisant irruption. Mais d'ailleurs la photographe l'a-t-elle vue au moment de la photographie ?  Inexorablement statique et en perpétuelle course, parmi les quatre hommes dont les regards vont vers ce que je ne saurai jamais, elle me maintient dans une interminable attente.
Et bien plus qu'elle, je suis captive/captivée dans l'image tandis que le monde, hors du cadre, continue de palpiter.


The cat is the best anarchist





The History Of One Tough Motherfucker


he came to the door one night wet thin beaten and
terrorized
a white cross-eyed tailless cat
I took him in and fed him and he stayed 
grew to trust me until a friend drove up the driveway
and ran him over
I took what was left to a vet who said,"not much
chance…give him these pills…his backbone
is crushed, but is was crushed before and somehow
mended, if he lives he'll never walk, look at
these x-rays, he's been shot, look here, the pellets
are still there…also, he once had a tail, somebody
cut it off…" 
I took the cat back, it was a hot summer, one of the
hottest in decades, I put him on the bathroom 
floor, gave him water and pills, he wouldn't eat, he
wouldn't touch the water, I dipped my finger into it
and wet his mouth and I talked to him, I didn't go any-
where, I put in a lot of bathroom time and talked to 
him and gently touched him and he looked back at
me with those pale blue crossed eyes and as the days went
by he made his first move
dragging himself forward by his front legs
(the rear ones wouldn't work)
he made it to the litter box
crawled over and in,
it was like the trumpet of possible victory
blowing in that bathroom and into the city, I
related to that cat-I'd had it bad, not that
bad but bad enough 
one morning he got up, stood up, fell back down and
just looked at me. 
"you can make it," I said to him. 
he kept trying, getting up falling down, finally
he walked a few steps, he was like a drunk, the
rear legs just didn't want to do it and he fell again, rested,
then got up. 
you know the rest: now he's better than ever, cross-eyed
almost toothless, but the grace is back, and that look in
his eyes never left… 
and now sometimes I'm interviewed, they want to hear about
life and literature and I get drunk and hold up my cross-eyed,
shot, runover de-tailed cat and I say,"look, look
at this!" 
but they don't understand, they say something like,"you
say you've been influenced by Celine?" 
"no," I hold the cat up,"by what happens, by
things like this, by this, by this!" 
I shake the cat, hold him up in 
the smoky and drunken light, he's relaxed he knows… 
it's then that the interviews end
although I am proud sometimes when I see the pictures
later and there I am and there is the cat and we are photo-
graphed together. 
he too knows it's bullshit but that somehow it all helps.

Charles Bukowski, War all the time, poems 1981-1984.

Bernard Plossu / Françoise

© Bernard Plossu

...ces photographies de Françoise… elles parlent du sentiment de l’amour, de la tendresse, de la vie en commun avec nos enfants. A part deux faites à l’instamatic, où Françoise court avec les enfants sur la plage en Andalousie, le pays de ses racines, toutes les autres sont faites avec l’objectif de 50 mm, monté sur mon vieux Nikkormat, car cet objectif est le plus proche de la vision "normale" (!) : ainsi aucun effet, le réel tel qu’il se présente avec sa poésie directe, de jour comme de nuit ; avec la pluie ou le soleil, en voyageant, en dormant, en se regardant, en se photographiant…

Bernard Plossu

Man Ray / Larmes, 1932/33

© Man Ray Estate








Dieu compte les larmes des femmes.
Talmud, traité Baba Métsiâ 59.

Voilà l'une des photographies les plus célèbres de Man Ray.
Ce que l'on oublie souvent, c'est que ces larmes eurent d'abord une vocation publicitaire. L'image fut en effet réalisée pour faire la promotion du mascara Cosmecil Arlette Bernard. Madame, pleurez au cinéma, pleurez au théâtre, riez aux larmes, sans crainte pour vos beaux yeux... 
Je laisse Clément Chéroux vous en dire plus :





Par l'opération des recadrages successifs du portrait de la danseuse d'abord pour la photographie publicitaire, puis pour la réalisation de ce que Man Ray considère comme l'œuvre elle-même se joue une bien étrange métamorphose : le visage devient regard isolé puis image cyclopéenne.
Le plan serré sur cet oeil féminin extatique, aux cils-tentacules chargés de noir, aux larmes factices-perles-bijoux (comme deux petits globes oculaires) qui se refusent à couler, vient créer une perte de repères par sa troublante proximité.
Madame pleure, mais que regarde-t-il cet oeil-vulve-animal ?
Le visage disparaît dans le hors champ de l'image pour ne laisser place qu'à une "vision" désincarnée et hermétique (elle se refuse à toute interprétation fictionnelle), exempte de dimension émotionnelle.
On se saura rien d'autre que la révulsion de l'oeil et le refus des lois de la gravité des larmes.



Bernard Faucon / Terrain privé, vers 1966

© Bernard Faucon / Galerie VU'

La nostalgie, c'est avoir le cœur qui se brise en imaginant le monde sans soi...
Bernard Faucon

Je ne sais pas si c'est un garçon ou une fille, et d'ailleurs qu'importe, c'est un enfant. Je vois d'abord ses jambes, ses petites jambes un peu cagneuses d'enfant, bien campées au sol, plantées dans d'énormes chaussettes rouges. Des chaussettes rouges qui tirebouchonnent.
Je vois les quelques herbes sèches restées collées sur son pull rouge accroché à la va-vite autour de la taille (il y a là d'autres urgences).
Il fait chaud.
Il serre quelque chose dans sa main. J'essaie de deviner. C'est un abricot, peut-être...
C'est l'été.
Je sens ses jambes qui frémissent d'impatience. Il regarde, un peu plus loin, sous le soleil, les autres, les enfants et une adulte qui jouent. Il suit leur danse, avant d'aller les retrouver, mais il mange son goûter, qu'il a extrait, sûrement, du gros sac de toile qui git à ses pieds.
C'est les vacances.
Devant, un tronc, un tronc de platane constellé d'écorces. L'arbre hospitalier offre l'ombre de ses frondaisons au petit. Au-dessus, les feuilles qui laissent passer un peu de soleil. Là-bas, sur l'herbe, la lumière éclate et blanchit l'arrière-plan.
Il y a bien un gamin pressé qui passe, vite, à gauche de l'image. Un autre qu'on devine adossé au tronc.
Et cet écriteau, qui dit "terrain privé chien" que j'imagine méchant. Et les gosses qui s'ébrouent sous le soleil des vacances et qui transgressent les sens interdits.
Bernard Faucon a 16 ans quand il prend cette photographie. Déjà, tout est là. Le cadre, la lumière, les couleurs éclatantes... Cette composition parfaite qui me ramène sans cesse sur le petit et ses chaussettes rouges, qui me ramène sans cesse aux vacances et au parfum des fruits d'été, qui m'engloutit vers mon enfance. Je sens la rondeur de l'abricot au creux de ma main, je sens mes jambes qui frémissent d'impatience et de l'élan, du bonheur, de la gourmandise du jeu. De l'ivresse des vacances.

A voir :
la série le Temps d'avant sur le site de la galerie VU'