Corps invisibles / Le Saint Suaire


Le Suaire de Turin est supposé être le linceul qui aurait recueilli le corps du Christ. Cette pièce de lin de plus de quatre mètres de long laisse paraître quelques tâches informes, l'illusion d'une image (à bien y regarder, on ne voit presque rien). 
C'est par la photographie que l'image fut révélé en 1898. Depuis, le suaire est l'objet de nombreuses analyses et polémiques.

Positif et négatif de la photographie du Suaire de Turin par Secondo Pia, 1898

En 1898, l'avocat Secondo Pia est chargé de photographier pour la première fois le Suaire (jalousement conservé, enroulé dans un reliquaire sous un autel dans la coupole des Guarini) afin de permettre aux fidèles de le contempler.
Dans la nuit du 28 au 29 mai, Pia développe le négatif de sa photographie. Dans sa chambre noire, il voit surgir, le premier, ce que personne n'a vu : le visage d'un homme. Une apparition. Le voile est levé, le mystère dévoilé : le suaire porte sur sa surface l'empreinte d'un corps d'homme, de face et de dos.
Le linceul serait une image négative, la trace d'une transsubtantiation de l'être au spectre (une image par contact, une empreinte, une imprégnation/incarnation entre l'étoffe et le corps, un fantôme presque).
La photographie devient alors un dispositif permettant de réaliser ce qui semble impossible. La révélation photographique comme opérateur d'un miracle - d'une résurrection - : elle donne à voir l'invisible par une nouvelle transsubtantiation par la lumière.