© Eva Truffaut |
Once I had, a little game
I liked to crawl, back in my brain
I think you know, the game I mean
I mean the game, called 'go insane'
you should try, this little game
I liked to crawl, back in my brain
I think you know, the game I mean
I mean the game, called 'go insane'
you should try, this little game
Just close your eyes, forget your name
Forget the world, forget the people
And we'll erect, a different steeple
This little game, is fun to do
Just close your eyes, no way to lose
Jim Morrison, The ceremony of the lizard.
Cette nuit, j’ai senti quelqu’un accroupi sur moi, et qui, sa bouche sur la mienne, buvait ma vie entre mes lèvres. Oui, il la puisait dans ma gorge, comme aurait fait une sangsue. Puis il s’est levé, repu, et moi je me suis réveillé, tellement meurtri, brisé, anéanti, que je ne pouvais plus remuer.
Guy de Maupassant, Le Horla.
Elle est si proche – je crois bien que c'est "elle", mais d'ailleurs qu'importe, alors disons l'autre – l'autre est si proche que ça fait presque mal. Il surgit, s'impose, là, devant moi. La lumière dévore cette bribe de visage qui se rapproche, presque dangereusement, presque illisible. Cet inconnu, visage anonyme, dévoré (par la lumière) et dévorant (l'image). J'ignore s'il vient se décomposer ou se composer.
Presque un crâne.
Presque un crâne.
Vient-il pour embrasser ou pour dévaster ? Il ne respecte pas la distance et me contraint insupportablement à cette proximité suffocante, amoureuse ou macabre. Je ne sais pas s'il ouvre les yeux. Peut-être, mais il n'a pas de regard. Juste deux orbites noires. Et je ne peux soutenir cette absence. Je ferme les yeux, mais l'image reste : l'image est justement ce que je vois quand je ferme les yeux, imprimée, résiduelle, sous mes paupières.