Copies conformes

Daguerréotypes

© Diane Arbus / © Roger Ballen

© Mary Ellen Mark / © Jane Evelyn Atwood


Le daguerréotype est plus que le miroir, il est le calque de l'objet.
Eugène Delacroix, in La revue des deux mondes, septembre 1850.

Il faut vous dire que nous étions jumeaux, le défunt et moi. Et un jour, on nous a mêlés dans le bain, alors que nous n’avions que deux semaines, et un de nous a été noyé. Mais nous ne savons pas qui. Les uns croient que c’était Bill. D’autres pensent que c’était moi.
Mark Twain, Une interview, in Loto Leaves, 1874.

La thématique du double, plus précisément ici de la gémellité, est une constante dans l'histoire de la photographie plus que dans tout autre art visuel.
L'image photographique est souvent considérée comme miroir du réel. Elle est immanquablement un indice, trace irréfutable attestant de l'existence tangible de son objet (elle le montre de l'index : il a bien fallu qu'il soit là, qu'il y passe, qu'il y ait contiguïté physique). Cependant, s'il y a adhérence au réel (par son indicialité même), il n'y a pas pour autant mimesis : si elle est invariablement seconde, la photographie n'est toutefois pas une duplication du réel, elle n'est est que la trace. Et même si nous sommes constamment tentés de la considérer comme un miroir (je ne crois que ce que je vois ?), la photographie, qui entretient l'équivoque, ne réfléchit pas si bien qu'elle le laisse croire. Aussi, quand elle traite de gémellité, ce sentiment de réversibilité, d'excès de redondance du double (dans l'image et par l'image) se renforce. La photographie fait alors double jeu / double je.