Honoré de Balzac



Il n'existe qu'un seul portrait connu de Balzac.
L'auteur de la Comédie Humaine se défiait du daguerréotype. Il avait élaboré une théorie des spectres : "Donc, selon Balzac, chaque corps dans la nature se trouve composé d'une série de spectres, en couches superposées à l'infini, foliacées en pellicules infinitésimales, dans tous les sens où l'optique perçoit ce corps. L'homme à jamais ne pouvant créer - c'est-à-dire d'une apparition de l'impalpable constituer une chose solide, ou de rien faire une chose. Chaque opération daguerrienne venait donc surprendre, détachait et retenait en se l'appliquant une des couches du corps objecté. De là pour ledit corps, et à chaque opération renouvelée, perte évidente d'un de ses spectres, c'est-à-dire d'une part de son essence constitutive." (in Quand j'étais photographe, Nadar, le Seuil, Paris). Il évoquait également cette théorie dans Le cousin Pons : "Si quelqu'un fût venu dire à Napoléon qu'un édifice et qu'un homme sont incessamment et à toute heure représentés par une image dans l'atmosphère, que touts les objets existants y ont un spectre saisissable, perceptible, il aurait logé cet homme à Charenton..."
Curieuse vision d'un réel en pelure d'oignon... Selon Balzac, chaque objet cesserait donc d'être (du moins en partie) en devenant une image. Par conséquent, chaque photographie engendrerait un fantôme. Et nous voici bien, en quelque sorte, devant un ectoplasme d'Honoré de Balzac.