© Graciela Iturbide |
Intenté ahogar mis dolores, pero ellos aprendieron a nadar.
(J'ai tenté de noyer mes douleurs, mais elles ont appris à nager.)
Frida Kahlo
L’art de Frida Kahlo de Rivera est un ruban autour d’une bombe.
André Breton
Pourtant, bien que chacun se fuie comme la prison qui le tient et le hait, il est un grand miracle : je sens que toute vie est quand même vécue.
Rainer Maria Rilke
Sur le mur blanchi à la chaux, suspendu comme une cage, un corset de cuir. Celui de Frida Kahlo.
L'artiste mexicaine, épouse de Diego Rivera, maîtresse de Léon Trotsky, à la fois anticonformiste, féministe et communiste, adulée par les surréalistes (alors qu'elle même se défendait de toute intention surréaliste : "Ils pensaient que j'étais surréaliste, mais je ne l'étais pas. Je n'ai jamais peint mes rêves. J'ai peint ma propre réalité" et qu'elle qualifiera, à l'exception de Marcel Duchamp, de "fils de chienne lunatiques et dérangés"), meurt en 1954. Suite aux graves lésions provoquées à la colonne vertébrale et au bassin par un violent accident à l'âge de 16 ans, sa vie est une longue suite de douleurs, de maladies, de fausses couches qui résonnent à travers son oeuvre.
A la mort de Frida Kahlo, Diego Rivera fait fermer sa salle de bain dans la "casa azul". Elle renferme nombre d'effets personnels de l'artiste, ses corsets, ses médicaments, ses vêtements... Cinquante ans plus tard, la pièce est rouverte. Graciela Iturbide est invitée à la photographier en couleurs pour un livre, El ropero de Frida. Par la suite, elle demande l'autorisation de photographier les objets trouvés dans la salle de bain. Ce travail donnera lieu à la publication d'un autre ouvrage, comme un journal intime, une chronique des douleurs de Frida Kahlo : "El baño de Frida". C'était impressionnant : en ouvrant les caisses, il y avait la poussière de Frida. Les lavements d'étain, les portraits de Lénine, Staline, sur des affiches, étonnament, aucun de Trotsky dans ce que j'ai vu. Je n'ai jamais pris dans les coffres les lettres ou autre chose. Mon intention était de photographier les corsets, les béquilles, les portraits de ses héros, disons des personnes qu'elle respectait et qui étaient du Parti Communiste de l'Union Soviétique. Je n'ai pas fait autre chose qu'interpréter les objets de sa douleur.
Pénétrant le secret de ce sanctuaire, lieu de claustration des objets inertes, restes reliques des souffrances de Frida, la photographe les met en scène. Petit album résurgence de la douleur et du martyre, mais aussi du courage et de la force créatrice de l'artiste.
Ce corset vide, carapace inhabitée et solitaire vient se poser, là, sur le mur, comme une évocation déchirante de l'enfermement, de la douleur et du corps contenu, captif, supplicié de la jeune femme.
Cependant, le corset cage est vide.
La dernière phrase notée par Frida Kahlo dans son journal intime : J'espère que la sortie sera heureuse et j'espère ne jamais revenir.
Sur le mur blanchi à la chaux, suspendu comme une cage, un corset de cuir. Celui de Frida Kahlo.
L'artiste mexicaine, épouse de Diego Rivera, maîtresse de Léon Trotsky, à la fois anticonformiste, féministe et communiste, adulée par les surréalistes (alors qu'elle même se défendait de toute intention surréaliste : "Ils pensaient que j'étais surréaliste, mais je ne l'étais pas. Je n'ai jamais peint mes rêves. J'ai peint ma propre réalité" et qu'elle qualifiera, à l'exception de Marcel Duchamp, de "fils de chienne lunatiques et dérangés"), meurt en 1954. Suite aux graves lésions provoquées à la colonne vertébrale et au bassin par un violent accident à l'âge de 16 ans, sa vie est une longue suite de douleurs, de maladies, de fausses couches qui résonnent à travers son oeuvre.
A la mort de Frida Kahlo, Diego Rivera fait fermer sa salle de bain dans la "casa azul". Elle renferme nombre d'effets personnels de l'artiste, ses corsets, ses médicaments, ses vêtements... Cinquante ans plus tard, la pièce est rouverte. Graciela Iturbide est invitée à la photographier en couleurs pour un livre, El ropero de Frida. Par la suite, elle demande l'autorisation de photographier les objets trouvés dans la salle de bain. Ce travail donnera lieu à la publication d'un autre ouvrage, comme un journal intime, une chronique des douleurs de Frida Kahlo : "El baño de Frida". C'était impressionnant : en ouvrant les caisses, il y avait la poussière de Frida. Les lavements d'étain, les portraits de Lénine, Staline, sur des affiches, étonnament, aucun de Trotsky dans ce que j'ai vu. Je n'ai jamais pris dans les coffres les lettres ou autre chose. Mon intention était de photographier les corsets, les béquilles, les portraits de ses héros, disons des personnes qu'elle respectait et qui étaient du Parti Communiste de l'Union Soviétique. Je n'ai pas fait autre chose qu'interpréter les objets de sa douleur.
Journal de Frida Kahlo. T'en vas-tu ? NON. AILES BRISEES. |
Ce corset vide, carapace inhabitée et solitaire vient se poser, là, sur le mur, comme une évocation déchirante de l'enfermement, de la douleur et du corps contenu, captif, supplicié de la jeune femme.
Cependant, le corset cage est vide.
La dernière phrase notée par Frida Kahlo dans son journal intime : J'espère que la sortie sera heureuse et j'espère ne jamais revenir.