Antoine Agoudjian, Les yeux brûlants

"Vigie",  Rue Baron, centre stratégique du commandement turc,
Alep, Syrie, 2001 © Antoine Agoudjian 


Il y a là une forme de pesanteur, douleur contenue, étouffée. Ces images vibrantes, savant travail du regard puis de l'alchimie du laboratoire (Antoine Agoudjian est un virtuose du tirage), semblent jalonnées de fantômes. Oeuvre incantatoire, incandescente aussi, ces yeux brûlants retracent, saignée douloureuse à travers l'Irak, le Liban ou encore la Syrie, la diaspora arménienne. Au travers de ces arméniens d'aujourd'hui, de partout et de nulle part, surgit à la fois le parcours initiatique de celui qui cherche les traces de son histoire et un travail mémoriel, sensible et introspectif bien plus qu'historique. Il semble que le photographe y invoque ce qu'il porte en lui de sa communauté, de ses cicatrices, de ses espoirs, porteur et messager d'un gouffre de mémoire vertigineux qui fait retour dans les images. Antoine Agoudjian fait corps avec son oeuvre, qui donne à voir l'adhérence de l'homme à la communauté, à son histoire, à son présent, à son regard. 
Les yeux brûlants, peut-être alors, sont plus que nuls autres, les siens.


Le site internet d'Antoine Agoudjian